Dans cet article, je vais vous faire un topo des différences entre les scènes ouvertes de New York et celles de Paris. Par contre, je vais comparer ce que je connais. A New York, j’ai fait des open mics essentiellement fait par des comiques avec des comiques dans le public. Et ça ne reflète que ma petite opinion.
Les inscriptions aux scènes ouvertes :
A Paris : On doit quasiment à toutes les scènes ouvertes s’inscrire à l’avance sauf à de très rares exceptions. Et il y a de plus en plus de sélections, et même les scènes qui sont sans sélection, il y a une attente importante. C’est quasiment impossible de jouer 3 ou 4 fois par semaine, pendant plusieurs semaines.
A New-York : La plupart sont sans inscription. Il y en a une dizaine par jour. La différence repose sur le fait que c’est les comédiens qui « payent » soit en prenant une conso, soit parfois en devant payer 5 dollars par exemple. Mais parfois c’est totalement gratuit. En fait, il y a tellement de comédiens qu’ils se suffisent entre eux pour le spectacle et le public ! Avec ce système, on peut jouer jusqu’à 4 fois par soir (à Paris, au mieux on peut jouer 4 fois…par semaine !).
Bilan : NEW YORK. T’as écrit un truc dans la journée, tu peux décider à l’improviste d’aller le tester le soir même…et plusieurs fois de suite. Un vrai luxe.
Le public dans les scènes ouvertes :
A Paris : Après c’est pas trop quelque chose que l’on dit, mais faut avouer le spectacle vivant est une industrie moribonde. C’est mon avis. Il y a de plus en plus de spectacles , de plus en plus d’ouvertures de théâtres ou de lieu de spectacles, de plus en plus de créneaux (avant le dimanche et lundi étaient jours de relâche. Avant personnes ne jouaient à 19h) mais le nombre de spectateurs n’a pas eu la même croissance. Tout ça pour dire qu’il y a du public dans les scènes ouvertes à Paris mais ça peut fluctuer selon les dates. A part quelques scènes ouvertes « institutionnelles » qui ont leurs propres publics.
A New-York : Les scènes ouvertes que je vais faire à New-York, il n’y a pas vraiment de public. C’est les comédiens qui font le public. D’un côté c’est bien car tu es sûr qu’il va avoir du monde. Mais d’un autre côté c’est très dur, car c’est un public dissipé. Après si tu arrives à les faire rire, tu arriveras très facilement à faire rire un « vrai » public.
Bilan : PARIS…et un peu New-York. Il n’y a rien de mieux que de faire rire le public. A New-York, aussi bizarre que ça puisse être, les comédiens passent des années à écumer les open mics sans être sûr un jour de jouer 1h devant un vrai public. Mais c’est tout de même mieux à Paris et plus gratifiant de tester ses vannes directement sur le vrai public.
L’ambiance dans les scènes ouvertes :
A Paris : C’est le pays de Molière. On est toujours bien reçu, on demande au public de couper son portable pour pas déranger les comédiens, on dit aux comédiens de pas faire trop de bruits dans les coulisses, on salue le public à la fin qui nous dit des gentils mots si on a fait une bonne prestation, on revoit les habitués des scènes ouvertes. C’est très amical. Très chaleureux. Comme un bon bain chaud !
A New-York : C’est le pays de Rambo. C’est dur ! J’ai trouvé ça relativement anonyme comme accueil. A Paris, c’est très familiale car il y a relativement peu de scènes ouvertes, et c’est à peu près les mêmes 30 à 40 mêmes comédiens qui passent. Donc on se recroisent tous. A New-York, je pense qu’il doit avoir 3 ou 4 fois plus de comédiens et chacun passent d’un open mic à un autre. Même si quand tu passes sur scène, il y a des encouragements, ça reste tout de même très impersonnel. Quand je jouais une fois, quelqu’un a sorti un tupperware pour manger une salade de pâtes, les comédiens t’écoutent on révisant leurs textes sur leurs iphones, leurs Ipad etc…
J’ai fait un open mic où il y avait 8 personnes dans la salle. Un comédien est monté sur scène pour jouer : 4 comédiens étaient partis se chercher un verre, 1 révisé son texte, 1 était non-anglophone (moi), et il restait 2 comédiens dont l’animateur qui l’écoutaient vaguement. Le gars pendant 5 min a quasiment joué devant une salle vide !
Bilan : PARIS. C’est déjà pas mal d’efforts de monter sur scène, heureusement que parfois, on peut récolter une petite récompense de tous les efforts.
La qualité des scènes ouvertes :
A Paris : Il a de plus en plus de plateaux (plusieurs comédiens sélectionnés jouent leurs meilleurs sketchs) au détriment des scènes ouvertes pures. La qualité est très bonne, c’est très efficace. Souvent les comédiens jouent leurs meilleurs sketchs pour faire la promo de leurs spectacles.
A New York : C’est pas vraiment des « spectacles » à proprement parlé. Tout le monde est là pour travailler. Une bonne partie fait du one line joke (1 vanne après l’autre sans transition) pour tester ses nouveautés. Les comédiens sortent leurs textes, ils jouent ce qu’ils ont écrit dans la journée. C’est vraiment une ambiance de cours de théâtre où on monte sur scène devant tout les autres élèves.
Bilan : PARIS. Mais bon c’est pas vraiment comparable. A Paris, c’est devant le public pour faire en partie sa promo. A New-York, dans les Open Mics que j’ai fait, c’est vraiment des textes écrits dans la journée ou dans la semaine.
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Bilan :
A Paris, c’est relativement compliqué de jouer tous les jours en scène ouverte. En fait c’est quasi impossible. New York, tu peux vraiment jouer tous les jours, et tester le maximum de nouveautés. J’aime ce côté ambiance de travail. Et puis à New York, l’ambiance est particulière. T’as l’impression d’être dans une série américaine. Tu sens vraiment que même si c’est extrêmement dur de les faire rire, si tu y arrives c’est que tu tiens quelque chose de bien ! C’est un défi qui est très excitant, et t’es jamais dans la routine car tu fais que des nouveautés dans beaucoup de lieux insolites (j’ai joué dans un Karaoké !).
Ce qui est moins bien à New York, c’est que l’idée que « si tu fais rire ici, tu feras rire partout » ça a ses limites. C’est important dans son évolution, d’avoir des encouragements ou une certaine forme de reconnaissance. C’est comme à l’école, si on te pointe que tes erreurs systématiquement, forcément à un moment tu vas te décourager.
A New York, je trouve que ça manque un peu de convivialité et d’encouragements. Faire des scènes ouvertes à New York, c’est vraiment un exercice de style (parfois 2 ou 3min de passage, que des comédiens dans la salle, j’ai joué à 1 mètre d’une porte ouverte qui donnait sur la route) et ça rien à voir avec un vrai spectacle avec un public qui a choisi de venir te voir.
Scenes ouvertes à Paris :
Points Forts :
-Qualité du spectacle, retour et parfois un peu de reconnaissance du vrai public.
-On peut croiser des comédiens confirmés.
-On peut voir son évolution en perfectionnant à chaque fois son meilleur sketch.
Points Faibles :
-Relativement peu de scènes ouvertes, souvent besoin d’une inscription avec parfois une longue attente, aléas de la présence de public (comme tous spectacles vivants).
-Toujours une certaine « pression » d’assurer car on joue devant un vrai public. Donc parfois, on joue notre meilleur sketch + seulement quelques phrases de nouveautés. (après ça dépend pour chaque comédien).
Open Mic à New-York :
Points Forts :
-Possibilité de jouer 7/7 jours, de 16h à 0h00, 3 fois par jour.
-Toujours en quête de nouveautés, et doit toujours se renouveler.
-Toujours sûr de jouer devant 20 ou 30 personnes le plus souvent (les comédiens constituent le public).
Points Faibles :
-Parfois passage sur scène trop court (2min !).
-C’est souvent payant pour les comédiens (conso obligatoire)
-Beaucoup de travail pendant longtemps, sans être sur d’un jour de jouer toutes ses meilleures vannes devant un vrai public.
-Le format très court (2min) devant un public ciblé (comédiens…parfois peu attentifs) obligent à faire des passages hyper racoleur.